Taille texte


Espace lettres


Espace mots


Espace lignes

Émile Zola (1840-1902), écrivain français du XIXe siècle, est la figure centrale du réalisme et du naturalisme, mouvements littéraires qu'il a profondément influencés. Né à Paris, il grandit dans un milieu modeste après la mort prématurée de son père. Zola commence une carrière littéraire en publiant des critiques et des articles avant de se lancer dans la fiction. Son œuvre majeure, Les Rougon-Macquart, est une série de 20 romans où il explore la société française sous le Second Empire. Au Bonheur des Dames (1883) fait partie de cette série et se concentre sur le développement du commerce de détail à Paris, à travers l’histoire d’un grand magasin et de ses employés. Ce roman illustre les bouleversements sociaux et économiques de l'époque, notamment la condition féminine, le capitalisme en plein essor et la lutte des classes. Zola est aussi connu pour son engagement politique, notamment dans l’affaire Dreyfus, qu'il soutient avec son célèbre article J’accuse.

Denise, une jeune provinciale venue à Paris après la mort de son père pour subvenir aux besoins de ses deux frères, espère trouver du travail dans la boutique de son oncle Baudu, un petit commerçant. Cependant, celui-ci, fragilisé par la concurrence du grand magasin Au Bonheur des Dames, ne peut l’embaucher. Par nécessité, elle se tourne alors vers ce grand magasin dirigé par Octave Mouret, un entrepreneur visionnaire et novateur. Dans cet extrait, le narrateur expose les stratégies commerciales de Mouret.


Présentation du docu-fiction d’Arte Au bonheur des Dames, l’invention des grands magasins. https://vodstorage.arte.tv/educarte/attachedfiles/110413_af2.PDF
Reportage sur le magasin qui a inspiré Émile Zola pour l’écriture du roman Au bonheur des Dames. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/pac9107282737/le-bon-marche-zola-et-au-bonheur-des-dames
Reportage sur l’écrivain Émile Zola. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab7901607801/zola

La grande puissance était surtout la publicité. Mouret en arrivait à dépenser par an trois cent mille francs de catalogues, d'annonces et d'affiches. Pour sa mise en vente des nouveautés d'été, il avait lancé deux cent mille catalogues, dont cinquante mille à l'étranger, traduits dans toutes les langues. Maintenant, il les faisait illustrer de gravures, il les accompagnait même d'échantillons, collés sur les feuilles. C'était un débordement d'étalages, le Bonheur des Dames sautait aux yeux du monde entier, envahissait les murailles, les journaux, jusqu'aux rideaux des théâtres. Il professait que la femme est sans force contre la réclame, qu'elle finit fatalement par aller au bruit. Du reste, il lui tendait des pièges plus savants, il l'analysait en grand moraliste. Ainsi, il avait découvert qu'elle ne résistait pas au bon marché, qu'elle achetait sans besoin, quand elle croyait conclure une affaire avantageuse ; et, sur cette observation, il basait son système des diminutions de prix, il baissait progressivement les articles non vendus, préférant les vendre à perte, fidèle au principe du renouvellement rapide des marchandises.

Émile Zola
Au Bonheur des DamesChapitre IX 
1883