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La comtesse Anna-Élisabeth de Noailles est une poétesse et romancière française d’origine roumaine. Née à Paris en 1876, elle écrit quelques romans mais se consacre surtout à la poésie. Ses thèmes de prédilection sont l’amour, la nature et la mort. Au début du XXème siècle, son salon attire l’élite intellectuelle et artistique de l’époque. En 1904, avec d’autres femmes, elle crée le prix « Vie Heureuse » qui deviendra le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie. Les Vivants et les Morts, paru en 1913, est son cinquième recueil de poèmes. Elle meurt à 56 ans, en 1933.

Le recueil Les Vivants et les Morts est constitué de quatre parties : Les Passions, Les Climats, Les Élévations et Les Tombeaux. Le poème en alexandrins « Le Port de Palerme » est le sixième poème de la partie Les Climats dans laquelle on trouve plusieurs poèmes consacrés à l’Italie, dont trois à la ville de Palerme, chère au cœur de la poétesse.


Pour entendre la voix d’Anna de Noailles (casque conseillé !) : https://www.radiofrance.fr/franceculture/archive-exceptionnelle-anna-de-noailles-interprete-l-un-de-ses-poemes-en-1921-6084973
Pour s’informer sur la vie de la poétesse Anne de Noailles (58 min) : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/qui-etait-anna-de-noailles-celle-qui-s-autoproclamait-plus-grande-poetesse-de-tous-les-temps-7467650

Le Port de Palerme
1
Je regardais souvent, de ma chambre si chaude,
 
Le vieux port goudronné de Palerme, le bruit
 
Que faisaient les marchands, divisés par la fraude,
 
Autour des sacs de grains, de farine et de fruits,
 
Sous un beau ciel, teinté de splendeur et d’ennui…


6
J’aimais la rade noire et sa pauvre marine,
 
Les vaisseaux délabrés d’où j’entendais jaillir
 
Cet éternel souhait du cœur humain : partir !
 
- Les vapeurs, les sifflets faisaient un bruit d’usine
 
Dans ces cieux où le soir est si lent à venir…


11
C’était l’heure où le vent, en hésitant, se lève
 
Sur la ville et le port que son aile assainit.
 
Mon cœur fondait d’amour, comme un nuage crève.
 
J’avais soif d’un breuvage ineffable et béni,
 
Et je sentais s’ouvrir, en cercles infinis,
 
Dans le désert d’azur les citernes du rêve.


Anna Noailles (de)
« Le Port de Palerme », In Les vivants et les morts, partie II Les Climats, 6ème poème. 
1913