Taille texte


Espace lettres


Espace mots


Espace lignes

Romain Gary, né Roman Kacew à Vilnius en 1914, est élevé par sa mère, ancienne actrice fantasque qui a pour son fils de grands projets. A l’âge de 14 ans, il s’installe à Nice avec sa mère. Il étudie le droit puis s’engage dans l’aviation en 1940. En 1945, son premier roman est publié et rencontre le succès. La même année, il entre au quai d’Orsay, conjuguant ainsi une carrière d’écrivain et de diplomate. En 1956, il reçoit le prix Goncourt pour Les racines du ciel. En 1980, seul et déprimé, il se suicide. Il révèlera alors dans un document posthume qu’il écrivait également sous le nom d’Emile Ajar, auteur de La vie devant soi, roman ayant obtenu le prix Goncourt en 1975. Il reste à ce jour le seul écrivain ayant obtenu deux fois le prix Goncourt.

Le récit commence en Californie où Romain Gary adulte se plonge dans ses souvenirs et raconte plusieurs anecdotes impliquant sa mère. Le récit remonte alors de plus en plus dans le temps. Il s’attarde sur la période où il vivait à Nice avec sa mère qui a de grandes ambitions pour lui et l’imagine devenir quelqu’un d’exceptionnel pendant que Romain vit ses premiers émois amoureux.


Des extraits de l’adaptation sur scène d’extraits de La Promesse de l’aube par Stephane Laporte et Dominique Scheer, interprété par Franck Desmedt (2021) : https://youtu.be/ahc85D7jeQ4
La bande-annonce de l’adaptation cinématographique du roman par Éric Barbier en 2017 https://www.youtube.com/watch?v=2nBrm1s7fdE
Une interview de Romain Gary du 6 août 1970 dans l’émission En toutes lettres dans laquelle il évoque sa mère : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i14104478/romain-gary-a-propos-de-sa-mere
La série de podcasts consacrés à Romain Gary sur France inter : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-romain-gary-l-obstine

Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d’amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n’y a plus de puits, il n’y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l’aube, une étude très serrée de l’amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. Je ne dis pas qu’il faille empêcher les mères d’aimer leurs petits. Je dis simplement qu’il vaut mieux que les mères aient encore quelqu’un d’autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants.

Romain Gary
La Promesse de l’Aube, In Première partie, chapitre 4 
1960