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Né en 1882 et mort en 1944, Jean Giraudoux est un écrivain français resté célèbre pour son théâtre. Soldat décoré lors de la Première Guerre mondiale, il écrit d’abord des romans avant de se tourner vers le théâtre. À l’instar de plusieurs dramaturges de l’époque comme Jean Cocteau ou Jean Anouilh, Jean Giraudoux reprend des mythes antiques comme celui d’Amphitryon (Amphitryon 38 en 1929), d’Électre (Électre, 1937) ou de la guerre de Troie (La guerre de Troie n’aura pas lieu, 1935).
Cet extrait est la scène d’exposition de la pièce. Cassandre est la fille de Priam, roi de Troie, et la sœur de Pâris et Hector. Son frère Pâris a enlevé Hélène, la femme de Ménélas, roi de Sparte, qui vient d’arriver à Troie avec son armée pour récupérer son épouse.
Des extraits de la pièce et un entretien avec Jean Vilar à propos de sa mise en
scène de la pièce en 1962 au Festival d’Avignon. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i11131900/jean-vilar-a-propos-de-la-guerre-de-troie-n-aura-pas-lieu
La chronique sur France Inter de la comédienne Juliette Arnaud qui présente la
pièce. https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-juliette-arnaud/la-chronique-de-juliette-arnaud-24-aout-2020
Des extraits de la mise en scène de Nicolas Briançon, en 2006 https://www.dailymotion.com/video/xu7oo
ACTE PREMIER
Terrasse d’un rempart dominé par une terrasse et dominant d’autres remparts.
SCÈNE PREMIÈRE
ANDROMAQUE. CASSANDRE.
ANDROMAQUE : La guerre de Troie n’aura pas lieu, Cassandre !
CASSANDRE : Je te tiens un pari, Andromaque.
ANDROMAQUE : Cet envoyé des Grecs a raison. On va bien le recevoir. On va bien lui envelopper sa petite Hélène, et on la lui rendra.
CASSANDRE : On va le recevoir grossièrement. On ne lui rendra pas Hélène. Et la guerre de Troie aura lieu.
ANDROMAQUE : Oui, si Hector n’était pas là !... Mais il arrive, Cassandre, il arrive ! Tu entends assez ses trompettes… En cette minute, il entre dans la ville, victorieux. Je pense qu’il aura son mot à dire. Quand il est parti, voilà trois mois, il m’a juré que cette guerre était la dernière.
CASSANDRE : C’était la dernière. La suivante l’attend.
ANDROMAQUE : Cela ne te fatigue pas de ne voir et de ne prévoir que l’effroyable ?
CASSANDRE : Je ne vois rien, Andromaque. Je ne prévois rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments.
ANDROMAQUE : Pourquoi la guerre aurait-elle lieu ? Pâris ne tient plus à Hélène. Hélène ne tient plus à Pâris.
CASSANDRE : Il s’agit bien d’eux !
ANDROMAQUE : Il s’agit de quoi ?
CASSANDRE : Pâris ne tient plus à Hélène ! Hélène ne tient plus à Pâris ! Tu as vu le destin s’intéresser à des phrases négatives ?
ANDROMAQUE : Je ne sais pas ce qu’est le destin.
CASSANDRE : Je vais te le dire. C’est simplement la forme accélérée du temps. C’est épouvantable.
Terrasse d’un rempart dominé par une terrasse et dominant d’autres remparts.
SCÈNE PREMIÈRE
ANDROMAQUE. CASSANDRE.
ANDROMAQUE : La guerre de Troie n’aura pas lieu, Cassandre !
CASSANDRE : Je te tiens un pari, Andromaque.
ANDROMAQUE : Cet envoyé des Grecs a raison. On va bien le recevoir. On va bien lui envelopper sa petite Hélène, et on la lui rendra.
CASSANDRE : On va le recevoir grossièrement. On ne lui rendra pas Hélène. Et la guerre de Troie aura lieu.
ANDROMAQUE : Oui, si Hector n’était pas là !... Mais il arrive, Cassandre, il arrive ! Tu entends assez ses trompettes… En cette minute, il entre dans la ville, victorieux. Je pense qu’il aura son mot à dire. Quand il est parti, voilà trois mois, il m’a juré que cette guerre était la dernière.
CASSANDRE : C’était la dernière. La suivante l’attend.
ANDROMAQUE : Cela ne te fatigue pas de ne voir et de ne prévoir que l’effroyable ?
CASSANDRE : Je ne vois rien, Andromaque. Je ne prévois rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments.
ANDROMAQUE : Pourquoi la guerre aurait-elle lieu ? Pâris ne tient plus à Hélène. Hélène ne tient plus à Pâris.
CASSANDRE : Il s’agit bien d’eux !
ANDROMAQUE : Il s’agit de quoi ?
CASSANDRE : Pâris ne tient plus à Hélène ! Hélène ne tient plus à Pâris ! Tu as vu le destin s’intéresser à des phrases négatives ?
ANDROMAQUE : Je ne sais pas ce qu’est le destin.
CASSANDRE : Je vais te le dire. C’est simplement la forme accélérée du temps. C’est épouvantable.