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1. Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, est né le 10 janvier 1955 en Algérie. Après avoir servi comme officier dans l'armée algérienne pendant vingt-cinq ans tout en écrivant sous différents pseudonymes, il décide, en 2000, de se consacrer à l’écriture et est désormais connu sous son nom de plume, Yasmina Khadra, qui sont les deux prénoms de son épouse. Auteur d’une trentaine d’ouvrages, il est traduit et publié dans une cinquantaine de pays. Les Hirondelles de Kaboul, paru en 2002, a été récompensé par différents prix dont celui du Salon littéraire de Metz en 2003. Le roman raconte l'histoire de deux couples afghans sous le régime des Talibans. L’histoire d'Atiq ,un geôlier, et de son épouse malade Mussarat et celle de Zunaira, ancienne magistrate et de son mari, Moshen.

2. Les Hirondelles de Kaboul s’ouvre sur le personnage d’Atiq qui se rend dans la prison dont il est le geôlier et où il est attendu pour livrer une prostituée devant être lapidée. Moshen, désœuvré, erre dans la ville, arrive sur le lieu de la lapidation et, comme la foule hystérique autour de lui, lance lui aussi des pierres. Puis il rentre chez lui.


https://www.arte.tv/fr/videos/RC-021499/voix-d-afghanistan/
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-018674/l-afghanistan-sous-le-regne-des-talibans/
https://www.arte.tv/fr/videos/102855-000-A/afghanistan-vivre-en-pays-taliban/

À Kaboul, les joies ayant été rangées parmi les péchés capitaux, il devient inutile de chercher auprès d'une tierce personne un quelconque réconfort. Quel réconfort pourrait-on encore entretenir dans un monde chaotique, fait de brutalité et d'invraisemblance, saigné à blanc par un enchaînement de guerres d'une rare violence ; un monde déserté par ses saints patrons, livré aux bourreaux et aux corbeaux, et que les prières les plus ferventes semblent incapables de ramener à la raison ?
Dans la pièce, hormis une grande natte tressée en guise de tapis, deux vieux poufs crevés et un chevalet vermoulu sur lequel repose le livre des Lectures, il ne reste plus rien. Mohsen a vendu l'ensemble de ses meubles, les uns après les autres, pour survivre aux pénuries. Maintenant, il n'a même pas de quoi remplacer les vitres cassées. Les fenêtres, aux volets branlants, sont aveugles. Chaque fois qu'un milicien passait dans la rue, il lui intimait l'ordre de les réparer sans tarder : un badaud risquerait d'être choqué par le visage dévoilé d'une femme. Mohsen a entoilé les fenêtres de tenture : depuis le soleil a cessé de lui rendre visite chez lui.

Yasmina Khadra
Les Hirondelles de Kaboul , Chapitre 3 
2002