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Yasmina Khadra est le nom de plume de l’écrivain algérien Mohammed Moulessehoul, né à Kenadsa en 1955 et dont la langue d’écriture est le français. Son pseudonyme est constitué des deux prénoms de son épouse. Entré en littérature avec ses romans policiers, Yasmina Khadra rencontre un succès international avec son roman Les Hirondelles de Kaboul (2002) puis avec L’Attentat (2005). Traduites dans toutes les langues, adaptées au cinéma, au théâtre, en bande dessinée et en chorégraphies, ses œuvres ont touché des millions de lecteurs dans le monde.

Le narrateur, Amine Jaafari, chirurgien, vit heureux en Israël avec sa femme Sihem, d’origine palestinienne. Un jour, un kamikaze se fait exploser dans un restaurant de Tel-Aviv. Amine passe sa journée à opérer les nombreuses victimes de l’attentat. Plus tard, on l’appelle chez lui en pleine nuit pour lui demander de revenir à l’hôpital. Il apprend alors que sa femme a été tuée dans l’attentat et que le kamikaze, c’était elle. Il est ensuite interrogé par la police israélienne.


Une présentation du roman par Olivier Barrot dans l’émission de France 3 « Un Livre un jour » du 27 septembre 2005. https://www.ina.fr/video/2936093001
Interview de Vincent Hennebicq qui présente son adaptation du roman L’Attentat en 2018 au Théâtre National Wallonie-Bruxelles https://www.theatrenational.be/fr/activities/421-l-attentat#gallery

- Ma femme est victime de l’attentat, elle n’est pas celle qui l’a commis. Il va vous falloir lever le pied, et tout de suite.
- Asseyez-vous ! fulmine le capitaine.
Son cri m’estoque de part et d’autre.
Mes jambes me lâchent et je m’affaisse sur le canapé.
À bout de forces, je prends ma tête à deux mains et me recroqueville sur moi-même. Je suis fatigué, usé, torpillé ; je prends l’eau de toutes parts. Le sommeil me malmène avec une rare muflerie ; je refuse de sombrer. Je ne veux pas dormir. J’ai peur de m’assoupir pour apprendre encore et encore, au sortir de mes rêves, que la femme que je chérissais le plus au monde n’est plus, qu’elle est morte, déchiquetée dans un attentat terroriste ; peur de devoir subir à chacun de mes réveils la même catastrophe, le même sinistre… Et ce capitaine qui m’engueule, pourquoi ne tombe-t-il pas en poussière ? Je voudrais qu’il disparaisse sur-le-champ, que les esprits frappeurs hantant ma maison se transforment en courant d’air, qu’un ouragan défonce mes fenêtres et m’emporte loin, très loin du doute en train de me dévorer les tripes, de brouiller mes marques et de remplir mon cœur de graves incertitudes…

Yasmina Khadra
L’AttentatChapitre 3 
2002